Logement : après 68, les Boomers révolutionnent le bien vieillir

Après 68, les Boomers révolutionnent le bien vieillir à commencer par leur logement. Les activités des entreprises de service à la personne adhérentes de la Fédération du Service aux Particuliers (FESP) ont pour particularité de s’exercer au domicile des particuliers, lieu de vie des personnes et lieu de travail des intervenants. Près de 50% d’entre elles concernent les personnes handicapées et les personnes âgées, plus ou moins dépendantes, dans le cadre du maintien à domicile. Le logement et son adaptabilité est donc au cœur de la problématique du maintien au domicile.

Le logement est une grande préoccupation des personnes âgées (appelées boomers ou babyboomer) pour bien vieillir. S’agissant des personnes âgées, en 2019, à la demande de la FESP, l’Ifop et Sociovision  avaient réalisé une étude sur les seniors et les offres de services à la personne, sous l’angle de l’habitat.

L’étude faisait apparaître que 85 % des Français interrogés souhaitaient vieillir à domicile et qu’ils étaient prêts à consacrer en moyenne plus de 2000 € par an en services à la personne. Elle montrait aussi à quel point les enjeux des professionnels du logement rejoignaient ceux des services à la personne, notamment dans un contexte de numération du domicile, d’ergonomie des lieux de vie, en matière de prévention.

La réalisation de cette étude s’inscrivait déjà dans la préoccupation de la FESP de contribuer à bâtir la société du bien vieillir. L’une des premières conditions pour y parvenir est de garantir un hébergement de qualité et accessible à tous et de permettre aux personnes âgées de rester dans leur logement le plus longtemps possible. Ce défi implique la nécessité d’amplifier les mesures en faveur d’un véritable virage domiciliaire.  Cette nécessité nous oblige à mieux comprendre collectivement ce que seront et ce que souhaiterons les seniors de demain.

Structuration démographique des Babyboomers

Les « 75-84 ans » constituent une population qui se caractérise par l’apparition des premières fragilités, qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales. Des fragilités qui à ce stade permettent tout de même de vivre de façon autonome.

En 2030, les babyboomer nés en 1945 auront 85 ans. Le nombre des 75-84 ans va enregistrer une croissance inédite de 49% entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions à 6,1 millions tandis que dans la même décennie le nombre des 85 ans et plus ne progressera que de peu (+ 7%). A partir de 2030, en revanche, les 85 ans et plus vont voir leur nombre croître de manière exponentielle jusqu’en 2050. Ils sont un peu plus de deux millions aujourd’hui et seront près de cinq millions en 2050..

Les « 75-84 ans » constituent une population qui se caractérise par l’apparition des premières fragilités, qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales. Des fragilités qui à ce stade permettent tout de même de vivre de façon autonome. Les « 85 ans et plus » sont évidemment plus souvent confrontés à des situations de perte d’autonomie. A chacune de ces évolutions doit correspondre des politiques publiques différentes, notamment en matière de maintien au domicile et d’adaptation de l’habitat.

Prospective et perspective, les Boomers ne sont plus des babys

Plusieurs scénarios sont envisagés pour l’évolution de la dépendance :

  1. un scénario pessimiste : tous les gains d’espérance de vie des seniors sont vécus avec un état de perte d’autonomie modérée.
  2. un scénario intermédiaire : la part des années en dépendance modérée dans l’espérance de vie à 60 ans reste constante. Les gains d’espérance de vie correspondent ainsi pour une partie à de la vie pleinement autonome et pour une autre à des années en dépendance modérée, au prorata de la part observée aujourd’hui.
  3. un scénario optimiste : les gains d’espérance de vie à 60 ans correspondent en totalité à des gains d’années de vie en autonomie.

Les 85 ans et plus des années 2030-2050 constituent la première génération des babyboomers confrontés à la dépendance. Ceux-là même qui sont nés à partir de 1945 et avaient 23 ans en mai 68 n’appréhenderont pas leur vieillissement comme l’ont fait les générations précédentes. Élevés dans les valeurs de liberté et d’autonomie, ces nouveaux seniors voudront être maîtres de leur destin. il auront plus à cœur d’anticiper leur propre avancée en âge et de choisir leur mode de prise en charge. Les seniors de demain auront le choix entre trois stratégies : rester chez soi, se trouver un nouveau chez soi, vivre en EHPAD.

Bien vieillir « chez soi », un choix exigeant des aménagements

Vieillir « chez soi » C’est le vœu d’une immense majorité de nos concitoyens. Encore faut-il que ce domicile soit adapté. Les réflexions sur le bien vieillir à domicile doit amener à s’interroger sur le rôle des aidants familiaux ou informels. Aujourd’hui ceux-ci sont fortement impliqués voir débordés dans la prise en charge de la perte d’autonomie. Le souhait communément partagé de vieillir chez soi suppose souvent l’adaptation des logements, encouragée par un certain nombre de politiques publiques. Le logement du Boomer doit répondre à certains critères pour permettre de bien vivre.

La France est en retard en matière d’adaptation des logements au vieillissement d’où la mise en oeuvre du dispositif Ma Prime Adapt’ au 1er janvier 2024. L’état doit donc massifier et simplifier la politique publique pour que celles et ceux qui le souhaitent puissent adapter leur logement.  Parfois, cependant,  par choix, parce que l’isolement se fait trop pesant, ou par réalisme, parce que malgré les divers aménagements qui y ont été réalisés et les diverses solutions d’aide au maintien à domicile,  il n’est plus possible de  vivre à domicile, il devient nécessaire de « changer de chez soi ». Près de 10.000 personnes âgées meurent de chutes domestiques à leur domicile. C’est ce qui explique le développement actuel de formules alternatives au domicile « classique » que sont les habitats inclusifs, les résidences intergénérationnelles, les béguinages…

une adaptabilité collective aux Boomers

Logement, boomers et bien vieillir n’étant pas incompatible des aménagements extérieures au foyer sont aussi à prévoir collectivement.  Vieillir à domicile n’est également possible qu’au sein d’une ville bienveillante, qui pense son habitat, ses voiries, son mobilier urbain mais aussi l’aménagement territoriale avec suffisamment de magasin et de centre de soin… en fonction de l’usage qu’en ont les personnes les plus fragiles, suffisamment inclusive pour lutter contre la solitude et l’isolement social.

Le recours à internet constitue un des moyens de lutte contre l’isolement social. Les boomers sont de plus en plus nombreux à effectuer des démarches administratives, à prendre des rendez-vous, échanger de services, organiser leurs loisirs, partager des informations via internet. Même  les habitudes de consommation des personnes âgées ont changées : plus de 30 % des seniors achètent désormais en ligne.

Le libre choix des personnes âgées ne peut enfin s’exercer s’agissant de leur lieu de vie, que si elles peuvent avoir aisément accès à des informations fiables et actualisées, mises à leur disposition par les pouvoirs publics, en lien avec les acteurs locaux.

 

Les entreprises adhérentes de la FESP ont pris la juste mesure des évolutions qui seront nécessaires pour répondre aux enjeux démographiques des années à venir, aux conséquences sociétales qui en découleront, aux aménagements continus auxquels elles seront confrontées dans l’exercice de leur activité.

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