Profil FESP : Hervé Meunier nous parle Téléassistance

L’Association Française de TéléAssistance (AFRATA), un acteur majeur représentant 85% des opérateurs du secteur de la téléassistance en France a rejoint la FESP en décembre. Nous avons rencontré son président Hervé Meunier.

Monsieur Hervé Meunier, pouvez-vous nous présenter l’AFRATA s’il vous plaît ?

 L’AFRATA est l’association française de téléassistance, nous avons été créés en 2004. C’est une association qui fédère les principaux téléassisteurs de France, 18 membres locaux, régionaux ou nationaux.

L’AFRATA est représentative de la diversité des opérateurs de téléassistance en France, une association d’experts qui aident non seulement les opérateurs à réfléchir sur la qualité de leur service pour répondre aux enjeux de l’évolution démographique mais aussi pour faire connaître la téléassistance.

La téléassistance est un service qui fonctionne 24 h/ 24 qui assure la sécurité des personnes vivants à domicile.  En France c’est à peu près 700 000 abonnés, des personnes fragilisés environnés par des proches qui sont des aidants, indirectement la téléassistance leur sert aussi, soit pas moins de 2 millions d’aidants.

La téléassistance c’est aussi plus de 1000 salariés. Nous traitons collectivement 7 millions d’alarmes par an dont 300 000 qui sont des chutes.

 

Dans l’esprit des gens il y a peut-être aussi une confusion entre la téléassistance et la télésurveillance ?

La télésurveillance c’est en cas de vol contrairement à la téléassistance qui est dédié à la personne. Ce sont deux métiers qui sont complètement différents puisque la téléassistance c’est un service à la personne pour la protection de celle-ci alors que la télésurveillance c’est un service de sécurité pour la protection des biens. La surveillance est un service qui est prévu dans le code de la sécurité intérieure en France.

La téléassistance c’est un service qui est soumis au régime de la déclaration, le 16e service dans la liste réglementaire de tous les services à la personne, que l’on trouve dans le code du travail. Elle ne touche pas aux mêmes réglementation et modes opératoires : c’est un métier spécifique.

 

 Comment le marché s’est constitué ?

En fait, le métier, il n’est pas si nouveau, il existe en France depuis 40 ans mais avec une progression plus modeste que dans d’autre pays. Le Royaume-Uni ayant une pyramide des âges assez similaire à celle de la France, a 2.400.000 abonnés, c’est effectivement un très gros écart qui s’explique par de multiples facteurs politiques et culturels.

Notre volonté est de faire encore plus connaître la téléassistance auprès des particuliers, d’agir sur les politiques publiques, et développer l’esprit de prévention. Aujourd’hui un abonnement au service de téléassistance est le plus souvent souscrit alors que la personne a déjà fait une première chute, elle s’est soit fait peur soit fait mal.

La notion de protection est importante parmi les définitions réglementaires qui régissent le métier. Il existe une norme française imposant l’existence d’un réseau de solidarité et ; s’il y a une urgence vitale ; nous avons obligation de traiter l’intervention éventuelle des secours en moins de 30 minutes.

Si après une chute grave l’intervention a lieu en moins de 30 minutes on donne à la personne le maximum de chance de pouvoir être guérie, agir pour qu’il y ait moins de séquelles et que la personne puisse préserver son autonomie et vivre encore à domicile. A contrario, si on attend pour s’abonner à un service de téléassistance, on se crée une perte de chance.

 

 Quel est votre rôle votre mission personnelle ?

Je suis le président de l’AFRATA depuis 2015. J’ai été appelé à devenir directeur général d’un opérateur de téléassistance en 2013 qui était à l’époque déjà membre de l’AFRATA.  Quand j’ai rejoint l’AFRATA ce qui m’a impressionné c’est de voir à quel point il y avait une énergie de la part de ses membres, une richesse et une diversité de savoir-faire.

L’AFRATA est constitué d’un bureau et d’un conseil d’administration qui agissent sur quatre grands axes.

D’abord, favoriser la réflexion et la représentation des acteurs de la téléassistance auprès des pouvoirs publics et des acteurs du marché français et aussi européen.

Puis être force de proposition et de conseil auprès des acteurs directs ou indirects, privés ou publics dans l’intérêt des personnes fragilisées vivant à domicile.

Mais aussi de faire connaître la téléassistance et notre métier en s’informant en termes de veille technologique et réglementaire de façon à s’insérer dans l’écosystème des services à la personne en harmonie avec la réglementation.

Enfin assurer le respect d’une déontologie et d’une charte de qualité prévues dans nos statuts.  L’AFRATA a défini une charte axée sur la sécurité, sur le respect de la vie privée de la personne, sur son libre arbitre… Assurer la sécurité doit être un avantage pour la personne et non au détriment de la liberté d’aller et venir. Malheureusement des entreprises proposant indument des services de téléassistance n’ont pas le niveau requis en matière de qualité ou de déontologie.

La téléassistance c’est d’être un acteur de la vie au domicile, de sauver des vies, un levier de consolidation du lien social, un acteur du bon fonctionnement de la solidarité.

 

Quel est l’avenir de la téléassistance, quelles seront les prochaines révolutions technologiques qui vont améliorer votre métier et améliorer la qualité de vos interventions ?

Il nous faut identifier parmi les technologies existantes ou les technologies qui émergent celles qui vont pouvoir apporter une plus-value ou une évolution dans le service de la téléassistance. La téléassistance aujourd’hui c’est quoi ? c’est un bouton ! c’est une vieille technologie mais qui est maîtrisée par nos abonnés et notamment qui est simple d’utilisation de façon à pouvoir être activé quasiment instantanément en cas de problème, une technologie doit être facilement compréhensible et utilisable par une personne en particulier dans une situation complexe.

Il arrive que l’on fasse des tests sur de nouvelles technologies comme la domotique. Pour l’AFRATA une technologie prometteuse et tout à fait intéressante, c’est l’intelligence artificielle : celle-ci va pouvoir contribuer à l’efficacité du service de téléassistance, mais en aucun cas remplacera l’ensemble des opérateurs humains qui sont formés à l’écoute des personnes âgées pour pouvoir interpréter les situations vécues pour y apporter la réponse adaptée.

 

Comment avez-vous entendu parler de la FESP, qu’est-ce qui vous a décidé à nous rejoindre et qu’attendez-vous de notre de notre relation ?

La FESP, c’est clairement la Fédération numéro 1 dans le domaine des services à la personne. Vous avez une notoriété, vous êtes connu et reconnu.  A l’automne 2021, nous avons partagé le même combat sur le projet de loi de finances 2022, le crédit d’impôt sur les services à la personne était menacé notamment pour la téléassistance. Nous nous sommes rapprochés, il y a une vraie raison pour agir ensemble et donc nous avons engagé ensemble des actions auprès du gouvernement et des parlementaires pour expliquer le rôle de la téléassistant dans les premiers temps de la perte d’autonomie. Et nous avons été entendus. Ainsi c’est vraiment l’angle de la complémentarité qui nous a fait adhérer à la FESP, à l’image de la complémentarité de la téléassistance avec les autres services à la personne.

Pour la FESP c’est l’occasion de porter la représentation d’un métier supplémentaire. C’est unir nos forces avec celle de de la FESP de façon à pouvoir déployer une plus grande envergure.

 

Des membres de l’AFRATA sont déjà adhérents à la FESP comme Présence Verte et Tunstall Vitaris c’est un métier que nous connaissons déjà depuis quelques années. Il semble assez logique que vous nous rejoigniez finalement.

Vous avez tout à fait raison, il y a eu un cheminement commun.  Ces opérateurs ont porté ce témoignage de complémentarité, ces enjeux communs existants. Ce sont les prémisses d’une coopération réussie.

 

D’un point de vue plus personnel vous avez toujours travaillé dans le service à la personne ?

Je travaille dans le domaine des services à la personne depuis 2013. Auparavant j’étais dans le domaine des systèmes d’information, notamment pour la conduite de projets de déploiement de systèmes d’information à l’international.

 

La réorientation vers les SAP ça a été un hasard où il y a eu vraiment une volonté de votre part de changer de secteur d’activité et d’aller sur les services à la personne ?

C’est clairement une démarche personnelle.  Après une carrière dans le domaine des services informatiques et des systèmes d’information, un questionnement personnel sur la vocation du métier que j’exerçais, j’ai ressenti l’envie d’exercer un métier plus précis dans son impact pour les gens. En parlant à mon entourage s’est imposé le domaine des services à la personne.

C’est aussi une question de personnalité, un besoin d’aller vers les gens et de tendre la main vers la personne. Le premier niveau est d’être bénévole dans une association, ce qui était mon cas auparavant. On voit non seulement quels sont les besoins mais comment on peut y répondre.  Je voulais aller encore plus loin et donc en faire mon activité professionnelle. C’est une démarche de construction progressive sur les valeurs humaines et d’entraide qui murit.

 

 

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